Les glaciers, positionnés en tête de bassin, ont un rôle majeur dans la régulation du climat, le cycle de l’eau et le niveau marin, et sont associés à une biodiversité et des activités humaines propres. Par conséquent, le phénomène de disparition des glaciers, ainsi que son corollaire, la formation d’écosystèmes post-glaciaires primaires, induisent des conséquences systémiques inédites pour le vivant (humains et non humains). Depuis 2021, le projet Ice&Life documente ce bouleversement et nourrit prise de conscience et réactions sociétales. Ses résultats montrent que depuis ~1850 (fin du Petit Âge Glaciaire), les glaciers des Alpes françaises ont rétréci de 70 %, faisant apparaître 410 km² de forêts, lacs, rivières, pelouses et zones humides minérales, où plus de 300 espèces ont déjà été observées. D’ici 2100, le retrait glaciaire va se poursuivre sur des surfaces mondiales colossales (150 000 à 350 000 km² selon les projections), faisant émerger des écosystèmes fragiles en transition, menacés par les activités humaines (mines, barrages, stations de ski, etc.).
Intégrer les glaciers dans des aires protégées permet de limiter les atteintes directes (destructions, pollutions, etc.) et sécurise la libre évolution et le développement d’écosystèmes post-glaciaires aux rôles croissants de refuges pour la biodiversité, de réserves d’eau douce et de puits de carbone. À l’orée de 2025, déclarée Année internationale de la préservation des glaciers par l’ONU, le projet Agir pour les glaciers propose de co-construire et expérimenter des actions de protection concrètes et de mises en récit, afin de montrer la faisabilité, la pertinence et le sens d’agir pour ces écosystèmes clés. La commune de Bourg-Saint-Maurice (Savoie), qui comprend à la fois des écosystèmes glaciaires et post-glaciaires de très haute naturalité (Mont-Blanc, Beaufortain) et fortement anthropisés (domaine skiable des Arcs), constitue le territoire pilote du projet.
Entre recherche transdisciplinaire, propositions artistiques, mobilisation et actions inédites, la démarche de recherche-action prévoit la création d’un festival engageant, d’un court métrage d’animation, d’illustrations et d’un film documentaire, afin de partager un récit d’encapacitation et de passage à l’action. L’objectif est de réinventer le lien entre l’humanité et la haute-montagne en mutation et d’avancer vers la création d’une aire en protection forte et d’une aire terrestre éducative dans la commune de Bourg-Saint-Maurice. En mars 2025, la première édition du festival Agir pour les Glaciers (et ce qui leur succède) constituera le point d’orgue d’une proposition artistique multiple (théâtre, musique, film), d’une mise en dialogue entre les habitants du territoire, l’équipe du projet et des acteurs externes. Le festival célèbrera ces écosystèmes et donnera des clés positives aux participants pour agir.